Daniela est la jeune colombienne en service civique à Crolles, venant tout droit de Zapatoca dans le cadre de l’accord de coopération décentralisée. Cette semaine, elle a rencontré Philippe Lorimier, le Maire de Crolles, pour lui poser quelques questions quant à l’exercice de son mandat. La semaine prochaine, ça sera Léa, jeune service civique française partie en Colombie, qui se prêtera au même exercice avec la Maire de Zapatoca.
Cela fait maintenant 2 mois que je suis arrivée à Crolles et que je travaille sur le projet de coopération. J’ai rencontré les élus, les services de la mairie, des Crollois, des partenaires…et je souhaite aujourd’hui faire un peu plus connaissance avec M. Lorimier, maire de la commune depuis 3 ans qui exerce le métier d’ingénieur biologiste au Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble.
Au cours d’un entretien, j’ai donc eu l’opportunité de lui poser des questions sur sa vie, ses idées et son travail à la mairie.
Cet homme qui travaille beaucoup pour la communauté, jongle en permanence entre son travail à l’hôpital et son mandat à la mairie de Crolles. Il fait d’ailleurs un parallèle entre ses deux activités car pour lui « une communauté est comme un organisme vivant » : l’organisation des cellules ressemble à l’organisation d’une commune.
A la question “mais pourquoi être maire?”, il répond qu’il était déjà conseiller municipal lors du précédent mandat et que François Brottes, son prédécesseur, l’a poussé à devenir candidat en 2014 alors que lui-même ne l’avait pas envisagé.
Pendant notre échange, il est intéressé par tout ce que je lui explique sur la Colombie et très attentif à ma vision de la France. Pour M. Lorimier, il est important de découvrir les idées des autres.
Du fait de son travail, il n’a pas beaucoup de temps libre, mais, quand il a un moment pour lui, il aime lire des haikus. Il dit que ces poèmes japonais sont comme la peinture, ils permettent de découvrir des émotions. Il est très content de parler de ça et m’en fait lire quelques uns. Cela me rappelle les échanges avec mon père.
Pour moi, il est intéressant de connaître l’idée que se font les gens sur leur propre ville. Si je devais choisir trois mots pour définir la Colombie, je choisirais : solidaire, belle et persévérante. Solidaire parce que nous accueillons « l’étranger » comme un frère ; belle parce que nous avons les plus beaux paysages ; et persévérante parce que, malgré le conflit armé, nous avons toujours le souhait et l’espérance de parvenir à la paix. M. Lorimier définit quant à lui Crolles par ces trois mots : innovatrice, dynamique et solidaire… Nous partageons la vision d’une solidarité les uns envers les autres. Crolles est une ville qui m’a reçue à bras ouverts, chacun des habitants que je rencontré m’a aidé à découvrir la France. Il y a quelques jours, j’ai d’ailleurs rencontré l’Adjoint en charge des Sports … j’ai donc compris pourquoi le maire parle de dynamisme, Crolles est une ville très sportive ! Il y a beaucoup d’équipements pour pratiquer !
Après 20 minutes d’interview, je demande à M. Lorimier ce qu’il connait de la Colombie. Il m’avoue ne connaitre que les histoires des livres et les articles de presse ; pour lui, la Colombie reste encore un pays à découvrir. Comme la plupart des gens, il s’intéresse au conflit armé, mais connait aussi les fourmis culonas (Fourmis grillées comestibles, spécialité de la région du Santander, dans laquelle est situé Zapatoca) ! Concernant la signature des accords de paix, lui, comme moi et tous les colombiens, souhaitons comprendre comment se déroulera la réinsertion des guérilleros dans la vie civile. « La discussion est le moyen d’apprendre à connaître l’autre », c’est l’approche qu’a M. Lorimier pour comprendre le processus mené par la Colombie par rapport au conflit armé.
Il est également la première personne qui me dit ne pas souhaiter entendre parler uniquement de la « mauvaise » Colombie. Il veut justement connaître ses aspects positifs ; je serai ravie de lui montrer la beauté de mon pays. L’apogée des cartels de la drogue et du conflit armé date maintenant d’il y a plus ou moins 25 ans, pour moi il est donc très important de commencer à changer la vision qu’ont les autres pays de la Colombie. Je suis persuadée que M. Lorimier saura être l’ambassadeur de la Colombie à Crolles et m’aidera à changer cette image maintenant dépassée.
Et quant au projet Crolles – Zapatoca, ses attentes sont bien entendu centrées sur la solidarité. Il dit qu’en France, aujourd’hui, il y a d’importantes questions de société sur les étrangers et les migrants. Il souhaite donc que cette coopération permettre aux habitants d’apprendre à connaître mes concitoyens, à découvrir d’autres manières de vivre.
Je crois que la Colombie, tout en conservant sa culture et ses traditions, a beaucoup à apprendre de la France. M. Lorimier estime quant à lui que la découverte de l’autre est l’enseignement que la Colombie peut apporter à la France, montrer d’autres manières de vivre et d’autres cultures aux Crollois est très importante pour lui.
Je lui ai ensuite parlé de ma vie et de mon quotidien en Colombie et il a redit son souhait que le partenariat entre Crolles et Zapatoca se poursuive dans une logique de mixité culturelle et d’échanges.
Une délégation de Zapatoca arrivera fin septembre et le maire est très content d’accueillir Mme Diana Gisela Prada Herrera, Maire de Zapatoca. Il souhaite lui faire découvrir le saut en parapente ! Un des objectifs de cette visite sera notamment de présenter la politique et la gestion touristique de Crolles et des communes du plateau. Zapatoca, dont c’est l’une des priorités, pourra ainsi s’en inspirer.
Cet entretien m’a donc permis de mieux connaitre M. Lorimier et ses motivations à œuvrer comme Maire de Crolles et ses attentes par rapport au projet entre Crolles et Zapatoca. J’invite le Maire, M. Lorimier, et tous les Crollois à découvrir les merveilles de mon pays et de ma ville de Zapatoca.