Découvrez le tout nouvel article de Rachel, jeune française en service civique dans le cadre du projet de coopération décentralisée entre les villes de Crolles et Zapatoca. Au menu cette semaine : l’économie touristique et la culture d’entreprise en Colombie.
Si je devais définir les colombiens, le premier mot qui me viendrait à l’esprit serait « entrepreneurs ». En effet, depuis maintenant 5 mois que je suis à Zapatoca, je suis admirative de l’esprit d’initiative et entrepreneurial des colombiennes et colombiens que je rencontre. Ici, la plupart des gens que je côtoie ont essayé de vendre quelque chose ou de monter leur entreprise, et ont un rapport très optimiste et positif à ces démarches. La Colombie ferait même parti des 4 pays les plus entrepreneurs et innovants au monde, selon un rapport du Forum économique mondial de Davos.
J’ai donc cherché à comprendre d’où venait ce goût pour la création d’entreprise. On m’a tout d’abord expliqué qu’en Colombie, toutes les étudiantes et tous les étudiants à l’université, quelle que soit leur filière, doivent étudier l’entreprenariat. Il existe donc une véritable volonté politique de former des entrepreneurs. Cela vient aussi du fait que le monde du travail est plus difficile et précaire pour les salariés : ils sont peu reconnus, travaillent environ 45 heures par semaine et les salaires sont particulièrement bas (le salaire minimum est de 750 000 pesos, soit 250€).
Zapatoca ne fait pas exception à la règle et est une ville pleine de créateurs d’entreprise qui tentent leur chance ! La dynamique y est particulièrement visible dans le domaine du tourisme. En effet, « le tourisme représenterait environ 70% des revenus de la ville » selon Laura Pineda, la responsable du Trésor Public et du logement à la mairie. La municipalité est en train de devenir une référence au niveau du département du Santander sous l’impulsion de la mairie, qui a décidé d’en faire une priorité, et des acteurs privés toujours plus nombreux et innovants.
Zapatoca connait depuis une dizaine d’année un développement grandissant de constructions, d’offre d’hébergement, de restaurants, de guides et d’opérateurs touristiques. J’ai donc décidé d’aller à leur rencontre pour tenter de comprendre leur parcours, leur énergie et pourquoi ils ont choisi de s’installer à Zapatoca.
Après avoir discuté avec Andres Felipe Vergel Goez, de l’hôtel Casa Loma, j’ai compris que pour une majorité de Zapatocas, créer une entreprise à son image était une nécessité pour échapper à la déception du salariat. Après avoir fait plusieurs expériences en agences de publicité, Andres, la trentaine, a décidé de revenir à Zapatoca et devenir son propre patron. Il a profité du boom touristique que connait la Colombie et du retour au calme de la région pour devenir ambassadeur de sa ville et se concentrer sur le déploiement de la « marque Zapatoca ». Aujourd’hui, son hôtel est plein presque tous les week-ends. Pour lui, Zapatoca a l’avantage d’être assez proche de la grande ville Bucaramanga, mais d’être beaucoup plus joli et tranquille, c’est une ville qui conserve encore son authenticité et n’a pas été complètement investie par des promoteurs étrangers comme cela peut-être le cas pour des villages comme Barichara, reconnu par les guides touristiques comme « le plus joli village de Colombie » mais qui a « perdu son âme », avec l’arrivée massive d’investissements extérieurs, le pueblo est devenu trop cher pour les locaux. Andres travaille avec son père Jorge. Ici, les entreprises sont très souvent familiales, ils attachent beaucoup d’importance aux liens et à la proximité avec leurs proches.
Enfin, il conclut que le plus important à Zapatoca est le facteur humain : le fait que tout le monde soit aimable, à l’écoute, se salue etc. rend la petite ville de montagne d’autant plus agréable, je ne peux qu’être d’accord avec lui sur ce point !
J’ai également rencontré Gladys Otero, une native de Zapatoca qui a récemment ouvert un restaurant qui propose une cuisine saine, locale, faite entièrement maison avec des produits frais de Zapatoca. Elle souhaitait proposer une alternative à la gastronomie traditionnelle colombienne qui, même si elle est très savoureuse, n’est pas la plus diététique (beaucoup de viande, de féculents ou encore de friture). Son mari habitant au Brésil, elle a eu l’occasion de découvrir les esfihas, de délicieux pains cuits au four, remplis de fromage et légumes ou viande. Ils sont originaires de la Syrie et de la Lybie mais sont aujourd’hui très populaires au Brésil et en Argentine.
Elle offre ses plats à des prix très abordables pour encourager tous les locaux à diversifier leurs habitudes alimentaires. Son restaurant, nommé Ma Lila, du surnom qu’elle donnait à sa grand-mère, est un délice pour les papilles mais également pour les yeux car Gladys, fanatique de bricolage, a tout fait elle-même a partir de matériaux recyclés !
La dynamique entrepreneuriale à Zapatoca est aussi une réalité pour les artisanes et artisans qui proposent des produits originaux faits avec des matériaux de la région, pour les fermes qui développent l’agrotourisme etc.
Je suis donc impressionnée de pouvoir témoigner du développement touristique de la ville, et heureuse de participer au projet de coopération internationale dont l’ambition est de former les prochains entrepreneurs de Zapatoca ! En effet, à travers la volonté des mairies de Crolles et de Zapatoca, et des ONG partenaires Tétraktys et l’Ecole de la paix, les jeunes de Zapatoca se sont récemment formés à la « maitrise d’information touristique » et durant leur voyage à Crolles, ils visiteront les entreprises crolloises et découvrirons le patrimoine de la ville.
Vous l’aurez compris, il est donc grand temps de venir visiter la Colombie et tout particulièrement Zapatoca, pour profiter d’un tourisme écologique, de la gastronomie, d’un climat doux et de paysages grandioses.