Découvrez le tout nouvel article de Rachel, jeune française en service civique dans le cadre du projet de coopération décentralisée entre les villes de Crolles et Zapatoca. Au menu cette semaine : Les réserves naturelles et la protection de l’environnement.
Au cours de mes six mois à Zapatoca, j’ai passé beaucoup de temps dans les réserves naturelles car je me suis liée d’amitié avec leurs propriétaires, et parce que je trouvais leur projet très intéressant. Il y a plus de quinze ans à Zapatoca, la première réserve naturelle de la société civile été créé par Milton Rueda Serrano : la Reserva El Paramo – La Floresta. Aujourd’hui, il existe un réseau de huit réserves naturelles à Zapatoca, toutes dédiées à la restauration du patrimoine naturel, et qui permettent de conserver plus de 1500 hectares de forêt. Tous les réservistes ont à cœur d’apprendre de la nature et surtout de protéger la faune et la flore, dans une région qui a été abimée principalement par l’élevage et les produits chimiques utilisés pour l’agriculture. De nombreux pins ont également été plantés par les producteurs de café de la région, au détriment des arbres endémiques, car le bois du pin leur procurait un revenu en plus, mais la monoculture de pin ne permet pas à la biodiversité de prospérer.
Les réserves naturelles sont donc de grandes zones privées que les amoureux de la nature de Zapatoca achètent afin de les préserver et qu’elles puissent se restaurer. A l’initiative de cette belle aventure humaine et écologique, sont des femmes et des hommes, en général des familles, qui ont un jour pris conscience de la gravité de la situation des terres de Zapatoca et ont décidé d’agir. Au départ, nombreux sont ceux qui les considéraient comme fous parce que leur projet n’était pas d’exploiter la terre mais de « cultiver des forêts ». Dans le contexte actuel de crise écologique, ils sont de plus en plus écoutés par l’administration et la population.
J’ai eu la chance de pouvoir visiter plusieurs réserves : Traganubes, Mamaberta, El Paramo – La Floresta, Nirvana et la Montaña Mágica. De nombreux projets de restauration et conservation y sont entrepris : restauration des sols, reforestation, protection des cours d’eau, potagers biologiques, réinsertion des abeilles, étude sur les services écosystémiques rendus par la forêt… Et les résultats sont là ! On commence à trouver des signes d’ours à lunette, de pumas, de petits jaguars, de tatous, de nombreuses espèces d’oiseaux … autant d’espèces en voie d’extinction qui sont aujourd’hui de plus en plus rares et qui retrouvent un peu d’espace et de liberté dans les réserves naturelles.
Ce sont aussi des lieux où le respect de la montagne et de tous les êtres vivants prime sur le reste. On y prend le temps de se connecter à la terre, de se reconnecter à soi-même. La nature y est toute puissante entre les nuages si proches, les orages si puissants, les lucioles si brillantes… c’est un spectacle vraiment magique. L’idée est également d’y promouvoir un autre rapport au tourisme : un tourisme plus lent, plus en profondeur. D’ailleurs dans les réserves on se garde bien d’utiliser le mot « touriste », on reçoit des visiteurs, voyageurs ou volontaires : on visite les réserves comme si on rendait visite à un ami, on vient voir comment on y vit, on apprend, on échange. Les réservistes veulent par ce biais enseigner le respect de la planète et donner l’envie de conserver notre patrimoine naturel à toutes les générations.
Enfin, les constructions des maisons dans les réserves sont écologiques, simples, en matériaux recyclés et consomment le moins d’énergie possible. Cela permet de pouvoir se connecter à la simplicité de la terre et revenir à l’essentiel. Dans la réserve Traganubes, Armando et Sonia ont par exemple crée leur salle de bain à partir d’un mur de bouteilles en verre recyclées, ce qui donne une très jolie lumière verte à l’intérieur de la pièce.
J’ai donc vécu des expériences merveilleuses dans les montagnes de Zapatoca, et énormément appris sur le patrimoine naturel et l’importance de sa préservation. Cela me remplit d’espoir de savoir que dans le monde entier, des initiatives existent pour tenter de « faire sa part » pour préserver les ressources naturelles.
L’aventure à Zapatoca se termine pour moi cette semaine, mais j’ai promis de revenir pour voir comment poussent les arbres que j’ai plantés dans la réserve Traganubes. La coopération quant à elle, continue et va atteindre son paroxysme avec le voyage des jeunes de Zapatoca à Crolles du 10 au 23 septembre ! Les liens sont toujours plus forts et durables entre nos deux communes.