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TABOU // Questions à Laurence Février

Questions à Laurence Février, metteure en scène de la pièce de théâtre documentaire “Tabou”, programmée ce vendredi 10 février à 20h30

Comment vous est venue l’idée de cette pièce ?

C’est un ensemble de circonstances qui a déclenché ce projet. C’était à l’époque de l’affaire DSK. En parallèle j’ai été très marquée par la sortie d’un livre “Le viol, aspects sociologiques d’un crime”. Une enquête sur le jugement de plus de 300 affaires de viols, qui donnait à réfléchir sur la manière dont la justice intervient. Aujourd’hui, même si les choses commencent à changer, l’idée du viol est intégrée dans notre société. Et souvent, la justice est presqu’aussi violente que l’acte lui-même quand elle s’adresse aux victimes. On leur pose et repose les mêmes questions, on sous-entend qu’elles étaient peut-être au mauvais endroit au mauvais moment, qu’elles étaient habillées pas assez comme ceci et trop comme cela. La justice, mais aussi les proches, avec des questions parfois maladroites, la société leur demande de prouver que ce sont elles les victimes. Et c’est cette violence-là que j’ai voulu montrer dans mon spectacle.

 

Votre pièce se termine avec un extrait de la plaidoirie de Gisèle Halimi au procès d’Aix-en-Provence en 1978 ?

C’est une plaidoirie magnifique, dont j’en ai extrait un morceau, qui est malheureusement toujours d’actualité. Et pour ne pas laisser le public seul avec son ressenti à la fin du spectacle, il y a toujours un temps d’échange, en présence d’intervenants professionnels. Nous répondons à toutes les questions. Les actrices et moi-même avons d’ailleurs suivi une formation avec des associations spécialisées pour être mieux armées et savoir comment répondre, aiguiller et conseiller.

 

C’est apparemment difficile de trouver des salles qui acceptent de diffuser votre spectacle ?

Le viol reste tabou aujourd’hui et la pièce remet en question la façon dont ce crime est traité, alors forcément ça dérange. Peu de villes ont accepté de nous programmer. C’est pourtant des moments forts à chaque séance. Nous avons aussi joué dans des lycées et à chaque fois l’échange était sincère et enrichissant. Car c’est très tôt qu’il faut en parler. Parce que la sexualité ne devrait pas conduire à la violence et parce que le viol constitue “un crime contre l’amour”

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