La commune de Crolles accueillait le 10 mars dernier la cérémonie de parrainage républicain, proposée par un collectif d’associations, dans le cadre du Printemps Citoyen de la Communauté de Communes du Grésivaudan. « C’est une cérémonie solennelle mais qui se veut festive », a déclaré le maire, Philippe Lorimier, en présence du député Pierre Ribeaud, des élus de la commune et des représentants de l’APARDAP*, Migrants en Grésivaudan et l’Abri sous la Dent.
Ce soir-là, la salle des mariages n’était pas assez grande pour contenir les habitants venus de toute l’Isère qui se sont officiellement déclarés parrains d’une personne ou d’une famille demandeur d’asile et de titre de séjour. Certains parrains et filleul(le)s se connaissent depuis deux ans déjà, d’autres depuis quelques jours à peine. Leurs histoires sont différentes, mais la souffrance est identique. Crainte et angoisse de ne pas obtenir de papiers, un avenir incertain, une vie au jour le jour pour beaucoup, le début d’une meilleure situation pour d’autres. Rien n’est facile, et la présence d’un parrain est la bienvenue. « Merci à vous tous, résumait un des filleuls présents ce soir-là, vous êtes nos coachs en quelque sorte, vous donnez de votre temps, de votre énergie pour nous et pour la défense des droits de l’Homme, merci encore. » L’émotion est palpable. Le sentiment de révolte et d’injustice aussi, partagé par les parrains et les associations qui ne comprennent pas toujours les décisions de l’administration, parfaitement résumé dans le discours de Patricia L’Ecolier, co-présidente de l’APARDAP, (à retrouver en cliquant ici), et dans le texte lu par Cloé Soldano, jeune collègienne, (à lire en cliquant ici). Cette soirée sonnait pourtant comme une parenthèse dans les parcours souvent compliqués, comme la promesse d’un avenir meilleur. Un joli moment d’ouverture et de partage des valeurs humaines.
*APARDAP : Association de Parrainage Républicain des Demandeurs d’Asile et de Protection.
En savoir plus sur le parrainage républicain : www.apardap.lautre.net
apardap@gmail.com – 09 51 93 48 18
Témoignages :
Eléonore est devenue la marraine officielle de Tatiana et de son bébé Loan. « Je suis bénévole à l’APARDAP et je me suis proposée pour aider Tatiana et son petit garçon. On est au tout début des démarches, cela peut prendre du temps ».
Lucile (à gauche sur la photo) a été la maitresse d’Anastasia et d’Afina. « Je me sens directement concernée par leur histoire et je ne veux pas qu’il leur arrive quelque chose. Avoir une marraine est un petit pas vers plus de sécurité, un soutien. C’est une famille vraiment dynamique, très investie, Diana la maman est parent d’élève et Tamaz le papa est lui aussi très présent. Ca m’a paru naturel de les aider. »
Armony connait Stéphane depuis pas mal de temps. « C’est pour moi un acte de citoyenneté de devenir sa marraine. Ca donne du sens à nos valeurs. Avec Stéphane nous sommes un peu dans une impasse. Il a fui le Cameroun parce qu’il était persécuté et a subi des sévices corporels et malgré tout sa demande a été déboutée. Nous sommes en stand by pour l’instant, alors c’est surtout mon soutien psychologique que je lui apporte en ce moment. »
Cloé Soldano, en 4e au collège Simone de Beauvoir. « Notre professeur de français, Mme Houpin, a accueilli en cours le poète Gilles-Bernard Vachon. Il nous a fait faire des exercices sur nos relations avec l’autre. Ce qui nous mettait particulièrement en colère et ce qui nous calmait. Nous devions ensuite écrire un texte qui débutait par « ce que serait pour moi un monde meilleur ». Chaque élève a fait son poème. Mme Houppin a demandé s’il y avait des volontaires pour les lire lors de la soirée de parrainage. J’ai tout de suite accepté. D’abord parce que ca ne me fait pas peur de parler devant un public. J’adore le théâtre et je me sens à l’aise. Et puis parce qu’accueillir l’autre, l’accepter, ça me touche. Alors j’ai regardé tous les poèmes et celui d’Audrey m’a paru le plus adapté, en adéquation avec les valeurs décrites à cette cérémonie ».
Un monde meilleur
Je voudrais un monde sans conflit, sans guerre, sans tristesse ;
Je voudrais un monde qui ne serait déçu par mes défauts et par ma maladresse.Je voudrais un monde où nous serions tous égaux ;
Je voudrais un monde qui ne serait pas influencé par la couleur de peau.Je voudrais un monde qui serait joyeux ;
Je voudrais un monde qui ne soit pas malheureux.Je voudrais un monde qui puisse grandir ;
Je voudrais un monde qui ne me ferait pas souffrir.Je voudrais un monde où me sentir libre ;
Je voudrais un monde qui ne m’empêche pas de vivre.Je voudrais un monde qui nous respecte ;
Je voudrais un monde qui vous accepte comme vous êtes.Je voudrais un monde qui me tend les bras ;
Je voudrais un monde qui n’existe pas.
Soulet Audrey… »Je voudrais un monde qui le pourrait… »
Vers ajouté par Cloé Soldano lors du parrainage républicain